Séquence - Musique et Mouvement - 5ème

Question : Comment reproduire le mouvement par la musique ?


Exemple n°1 : Pacific 231, Honegger

séquence 5ème musique et mouvement locomotive

Citation : "J'ai toujours aimé passionnément les locomotives ; pour moi, ce sont des êtres vivants et je les aime comme d'autres aiment les femmes ou les chevaux."

Introduction : Au début du XXe siècle, de l'ère industrielle et du machinisme, Honegger fit partie de ces compositeurs qui transcrivirent en musique l'urbanisme nouveau. Citoyen attentif aux transformations de la société, il voyait dans la création musicale le moyen de communiquer un message humaniste, en résonance avec les grandes questions de l'époque.


L’œuvre : Appartenant à un triptyque (Rugby -1928-, Mouvement symphonique n°3 -1932-), Pacific 231 fut imaginée et composée entre Paris, Winterthur et Zürich. C'est une œuvre qui nous entraîne dans un parcours musical à bord de la célèbre locomotive américaine à vapeur. Dédiée à Ernest Ansermet, elle fut créée le 8 mai 1924 à Paris, obtenant un succès considérable.

 

Période musicale : Modernisme - Motorisme / 1ère moitié du XXe siècle.

Plan général : Tranquille respiration de la machine au repos - Effort du démarrage - Accroissement progressif de la vitesse - Un train de 300 tonnes lancé en pleine nuit à 120 km/h -  Ralenti jusqu'à l'arrêt...

 

L'extrait musical : Rythmes obstinés et mélodies rotatives, ce mouvement symphonique ferroviaire illustre ce qu'on appela le motorisme en musique, bien connu chez certains compositeurs germaniques d'avant-garde (Hindemith).

Voici un film exceptionnel et primé (1949), mettant en images le mouvement musical de Pacific 231 (9'20) - Ensuite vous pourrez suivre la partition...

Biographie du compositeur :

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Introduction à l'artiste : Compositeur prolifique, Arthur Honegger s'est illustré dans tous les registres : ballet, concerto, symphonie, chanson, opéra, oratorio, musique de chambre, musique pour le théâtre, musique pour la radio, musique de films, musique religieuse... D'inspirations germanique (Bach, Beethoven, Reger) et française (Debussy, Schmitt), il fut doué d'un grand sens de l'architecture qui lui permit d'explorer différents langages et techniques musicales de son époque : rythmes complexes, atonalité, polytonalité...

 

Les études musicales : La famille Honegger, originaire de Suisse, vit au Havre lorsque Arthur naît le 10 mars 1892. Son père a fait fortune dans le commerce d'importation de café, et sa mère joue du piano. Il est inscrit en 1909 au Conservatoire de Zurich où il étudie notamment le violon, puis en 1912 au Conservatoire de Paris. Il y suit la classe de composition de Charles-Marie Widor, apprend la direction d'orchestre avec Vincent d'Indy et fréquente le cours d'histoire de la musique de Maurice Emmanuel. Son cursus est interrompu pendant quelques mois en 1915, lorsqu'il est mobilisé dans sa patrie suisse pour la défense de ses frontières.

En 1918, il met fin à ses études avec pour toute récompense un second accessit de contrepoint. Mais peu importe, il a déjà à son catalogue des mélodies, de la musique de chambre et un poème symphonique.

 

Carrière et œuvres : Dans le Paris des années 1920, il rencontre des peintres, des musiciens, des écrivains et des auteurs : Picasso, Satie, Ibert, Milhaud, Apollinaire, Jacob, Cendrars, Valéry, Cocteau... Le style de Honegger penche vers une tendance urbaine, réaliste, brute et évoquant le machinisme. Ainsi naît Pacific 231, mouvement symphonique dédié à la locomotive à vapeur américaine. Cette œuvre étonne et scelle sa célébrité...

 

Membre du Groupe des Six, le compositeur se montre très attaché au renouveau du répertoire et ne cache pas son admiration pour Igor Stravinski. Il trouve une voie à travers des fresques historiques et religieuses qui connaissent un grand retentissement : Le Roi David, Judith, Jeanne d'Arc au Bûcher, Symphonie n° 3 « liturgique ».

 

Durant l'Occupation, Honegger enseigne à l'École Normale de musique de Paris. Sa Symphonie n°2 pour orchestre à cordes et trompette ad libitum, composée en 1941, évoque ses sentiments face à la guerre. En juillet 1947, il revient aux États-Unis pour donner des cours d'été au Berkshire Music Center de Tanglewood. Mais il est victime d'un accident cardiaque en plein cours et rentre en France.

 

Il vit ses dernières années au rythme des distinctions : Docteur honoris causa de l'Université de Zurich, Président de la Confédération Internationale des Sociétés d'Auteurs et Compositeurs, Membre de l'Institut de France, Grand Officier de la Légion d'honneur. Il achèvera ses dernières œuvres (Une Cantate de Noël, Symphonie n°5...) avant de s'éteindre le 27 novembre 1955, dans son studio du Boulevard de Clichy à Paris.