Séquence - Musique et Ostinato - 5ème
Question : Comment représenter un folklore en musique ?
Exemple n°1 : Allegro Barbaro, Bartok
Citation : " C'est chez les paysans que j'ai passé les heures et les jours les plus heureux de ma vie ; là, j'étais chez moi."
Introduction : Ayant grandi au carrefour de plusieurs cultures d’Europe de l'Est (magyar, slovaque, roumaine), Belà Bartók s'est affirmé à travers un sentiment patriote, en opposition à l'hégémonie de la culture allemande. Il fut l’un des fondateurs de l’ethnomusicologie, collectionnant dans ses contrées et à l'aide d'un phonographe les musiques populaires paysannes. Son langage polymodal et chromatique utilise de fortes figures rythmiques asymétriques et des coloris d'une saisissante âcreté.
Œuvre : Daté de 1911 - période hongroise de Bartók -, cet Allegro Barbaro pour piano ne manqua pas de provoquer un sérieux scandale lors de sa présentation au public et à la critique. En moins de 3 minutes d'exécution, l’œuvre marqua une nouvelle étape dans l'histoire du piano moderne, traité ici comme un véritable instrument à percussion.
L'extrait musical : Âpre et sauvage, pour ne pas dire "barbare" puisque c'est le caractère que le compositeur lui signifia, la partition est parcourue d'un rythme primitif en ostinato martelé. Le caractère mélodique repose quant à lui sur celui de danses folkloriques, exprimées avec la plus ferme puissance.
Énergie, répétition, primitivité : une pièce intense (2'40)
Biographie du compositeur :
Parents et enfance : Né à Nagyszentmiklós en Transylvanie le 25 mars 1881, Belà Bartók est le fils du directeur d'une école d'agriculture. Ce père est aussi violoncelliste, compositeur populaire et anime un orchestre amateur. Sa mère Paula, institutrice, joue du piano et lui donne ses premières leçons.
Études : En 1894, la famille déménage dans la ville universitaire de Pozsony (actuelle Bratislava). L'adolescent y tient les orgues de la chapelle de son lycée. Il entre en 1899 à l'Académie Royale de Musique de Budapest, dont il sortira diplômé de piano et de composition en 1903.
L'aventure folklorique : En 1905, Bartók s'associe à Kodály pour une exploration ethnomusicologique des chants folkloriques de Hongrie. Ils publient l'année suivante un premier recueil : Vingt chansons paysannes hongroises.
Carrière et œuvres : Après une tournée en Espagne et au Portugal, il est nommé en 1907 professeur de piano à l'Académie. Son unique opéra Le Château de Barbe-Bleue (1911), est déclaré injouable et condamné avant d'être représenté. C'est alors l'élite musicale européenne et américaine qui va reconnaître ses talents. Il se met à voyager très fréquemment, en Allemagne, en Suède, en Norvège, en Afrique du Nord, en Suisse, aux États-Unis, au Brésil, en Angleterre, en France, en Union Soviétique...
Bartók, qui participe à des congrès et des cénacles internationaux, ne s'éloigne jamais de sa passion ethnomusicologique : par exemple en 1932, il est à un congrès au Caire et profite du séjour pour étudier la musique irakienne et arabe.
Membre de l'Académie des sciences hongroises (1934), il travaille à l'élaboration d'un monumental Corpus Musicae Popularis Hungaricae.
Guerre et exil : Le commencement de la 2ème Guerre mondiale le pousse au départ vers les États-Unis. Il met ses papiers en sécurité et cache ses cylindres, sur lesquels sont gravés les chants folkloriques, dans les caves de ses amis.
Après un concert d'adieu à Budapest le 8 octobre 1940, les Bartók embarquent pour New York. Le séjour ne sera toutefois pas très heureux : le compositeur n'aime pas la vie américaine et refuse d'y enseigner la composition, malgré des propositions bien rémunérées.
Maladie, œuvres ultimes et mort : En 1942, il ressent les premiers symptômes d'une leucémie qu'on lui cachera jusqu'à sa mort. Lors d'un séjour de repos, il rencontre Serge Koussevitsky, chef du Boston Symphony Orchestra, qui lui commande son Concerto pour orchestre. Affaibli, il reçoit d'autres commandes en 1944. Il fait le brouillon du Concerto pour alto, commandé par William Primrose, puis s'attelle à un Concerto pour piano n°3... Mais le 22 septembre 1945, il est admis aux urgences de l'hôpital de Westside où il s'éteint le 26.