Séquence - Musique et Génie - 4ème
Question : Comment entrer dans l'histoire par un coup de génie ?
Exemple n°1 : Pomp and Circumstance, Elgar
Le compositeur : Musicien autodidacte sans grand succès, ayant commencé par le métier de clerc dans un cabinet d'avocats, il se décrivait lui-même comme un "outsider". Le britannique Edward Elgar (1857 - 1934) ne figura pas, en effet, au Panthéon des compositeurs classiques... Mais un coup de génie allait malgré tout lui apporter une sacrée postérité. Et en hommage éternel, un astéroïde a été appelé 4818 Elgar...
Œuvre : Pomp and Circumstance fut le nom donné à une série de 5 marches pour orchestre, créées à Londres en 1901. Ce titre provenait de l'acte III d'Othello de Shakespeare : "Farewell the neighing steed, and the shrill trump, The spirit-stirring drum, the ear-piercing fife, The royal banner, and all quality, Pride, pomp, and circumstance of glorious war!"
L'extrait : Lorsqu'il eut le coup d'inspiration du thème lent de sa March n°1, Elgar confia à son amie : "J'ai une mélodie qui va frapper les esprits !".
Effectivement, joué depuis maintenant plus d'un siècle lors des remises de diplômes, ou pour des couronnements royaux, ou encore dans des films (Orange Mécanique, Fantasia, Forrest Gump), cet air est en plus considéré comme le 2ème hymne de l'Angleterre.
Une archive rare et exceptionnelle : c'est bien Elgar à la baguette (2'25)
Biographie du compositeur :
Introduction : Enfant d'une Grande Bretagne sous le règne prospère de Victoria Ière, Edward Elgar fut un musicien réellement impliqué dans son époque et dans le rayonnement de son pays. Sa musique, certes connue pour ses accents pompeux et majestueux, fut souvent descriptive d'un lieu, d'un fait ou d'un personnage. Il ne faut pas oublier non plus le compositeur moderne, raffiné, excellent technicien, qui livra une œuvre variée et fort plaisante.
La famille : Né le 2 juin 1857 à Lower Broadheath (près de Worcester, au cœur de l'Angleterre rurale), Edward Elgar est le quatrième d'une famille de sept enfants. Son père est propriétaire d'un magasin de musique, accordeur de piano et organiste à l'église. Edward baigne dans une atmosphère musicale, apprend à jouer pratiquement seul du piano et du violon, puis forme avec parents, frères, sœurs ou amis, divers ensembles instrumentaux... Lorsqu'il termine sa scolarité à l'âge de 15 ans, ses parents l'orientent vers une carrière d'avoué, mais il les persuade rapidement qu'il n'en n'a pas la vocation.
Débuts musicaux : On le retrouve quelques années plus tard arrangeur au Glee Club de Worcester, et, chose peu banale, chef de la fanfare d'un asile de fous à Powick. Elgar joue du violon dans l'orchestre de Stockley à Birmingham et dirige à partir de 1882 l'Amateur Instrumental Society de sa ville. Puis il succédera au poste de d'organiste de son père.
Mariage et évolution : L’année 1889 marque un tournant dans sa vie : il épouse Caroline Alice Roberts, fille d’un général de l’Armée des Indes et décide de se consacrer à sa carrière de compositeur. Mais lui, le provincial, éprouve bien des difficultés à se faire reconnaître des cercles musicaux londoniens.
Alice le soutient, le pousse à écrire, et c'est en composant pour des chorales et festivals locaux qu'il étend peu à peu sa réputation dans le West Midlands.
En 1899, il livre ses Variations Enigma, dans lesquelles il expose des portraits musicaux de ses amis. Cette partition réussie est le point de départ d'une succession d’œuvres bien reçues du public (The Dream of Gerontius, Pomp and Circumstances, Coronation Ode, Les Apôtres, Le Royaume, 1ère Symphonie) et d'une popularité qui va grandissante.
Reconnaissance : Dans la première partie de la décennie 1910, Elgar est titré et décoré : élu Honoris Causa de plusieurs universités anglaises et américaines, titulaire de l'Ordre du Mérite, anobli par le roi Édouard VII, nommé professeur à l'Université de Birmingham et chef principal du London Symphony Orchestra.
Contexte sombre : Mais la guerre de 1914-18 bouleverse le cours des événements. Elgar, en pacifiste sincère, est effrayé par les massacres survenant sur les champs de bataille. Dans les années qui suivent, ses partitions se font rares et sombres. La mort d'Alice, en 1920, parachève l'extinction de son étincelle créatrice. Il poursuivra sans grande conviction son activité de chef d'orchestre, mais ne composera plus rien d'important jusqu'à son dernier souffle le 23 février 1934, chez lui, à Worcester.